Le désespoir du blogueur ordinaire : le "Lurker".
Publié le 30 Août 2014
Un lurker en pleine action devant son ordinateur : il lorgne des sirènes blogueuses sans participer aux débats !
Bon, je fais des distinctions entre les divers blogues :
1°/ les ordinaires qui partagent gratuitement et joyeusement leur savoir, leurs recettes de cuisine de couture ou de bonheur, leurs amours ou leurs aigreurs, leurs idées et leurs opinions, leurs passions, leurs expériences, leurs réussites ou leurs déboires, leurs voyages, leurs vies....etc.....parfois c'est aussi pour défendre une cause qui leur tient à coeur, ou pour rassembler des données éparses sur des thèmes précis qui les captivent.
2°/ les professionnels qui utilisent internet pour travailler très sérieusement voire faire de la recherche, pour échanger des informations techniques ou commerciales, pour exposer leurs oeuvres artistiques ou créatives, pour faire leur campagne événementielle ou électorale ou publicitaire ou de presse, pour faire connaître leur entreprise ou propulser leur recherche d'emploi....etc.... certains même tentent de gagner de l'argent directement avec l'activité de leur blogue (eux, les "pubs" ne les gênent pas, bien au contraire).
3°/ les associatifs et les institutionnels qui promeuvent et détaillent de façon plus anonyme et collective les objectifs les réalisations et les projets de leur mouvement ou de leur établissement.
4°/ les extraordinaires et les collaboratifs quant à eux collectionnent les commentaires parce que, pour des raisons plus ou moins mystérieuses, ils font le "Buzz" dans certains domaines sur internet et qu'à plusieurs auteur(e)s sur un même blogue la création est plus diversifiée, l'information plus complète, l'émulation plus riche.....etc....
Si vous connaissez d'autres catégories ou d'autres découpages, surtout ne vous gênez pas pour laisser un petit commentaire en bas de cet article !!!
Bref, le désespoir du blogueur ordinaire ce sont les basses eaux du lectorat et le désert des commentaires, le tout incarné par l'image du "Lurker" c'est-à-dire du cyberconsommateur passif qui représente 90% des internautes lisant des blogues !!! Sur internet, semble s'appliquer la Règle_du_1_% ou principe 90-9-1 (1% de créateurs, 9% de contributeurs et 90% de lurkers).
Ainsi sur ce blogue de vingt mois d'existence sur le net ( notez bien qu'à l'instar de l'actuelle mode entrepreneuriale je communique les statistiques qui vous concernent) sur 743 visiteurs uniques depuis le début (janvier 2013) et 18 commentaires (dont mes propres visites et mes réponses) je compte 9 contributeurs extérieurs différents (certains ont commenté plusieurs fois) et c'est 25,7% de mes articles qui ont ainsi été faiblement commentés (9 sur 35 articles). Sur l'ensemble des contacts un seul a donné lieu à un développement d'idées par e-mails (avec une personne en Belgique). À partir de mes actuels contributeurs à 2,4% jusqu'au 9% de la règle, il y a beaucoup de progrès à faire !!!
Je m'attendais à une interactivité, à des échanges plus fournis et plus nourrissants, à des propositions de collaboration pour construire une pensée complexe à plusieurs voix sur ce thème de la Philosophie du Handicap !
Mais rien de tout cela à l'horizon : "Soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?".
Le lurker me semble plus désespérant que la saxifrage-heuchère ou désespoir du peintre (à cause de ses toutes petites fleurs multiples très ouvragées et l'infinie variété de couleurs de son feuillage)
Pour que les néophytes en informatique ou en botanique puissent voir "en grand" ces beautés de la nature : mettre la flèche de la souris sur la photo et appuyez continûment sur la touche "Ctrl" tout en manoeuvrant la molette de la souris vers l'avant.
Et même si ma capacité de grimper aux arbres a bien diminué je trouve le lurker plus désespérant encore que l'araucaria ou désespoir des singes.......
L'araucaria est originaire de la partie centrale du Chili, ses feuilles acérées recouvrent le bois des branches qui sont souples et au bout desquelles se trouvent les fruits comestibles. L'imagination des botanistes a fait le reste car dans cette zone du Chili il n'existe aucun singe autochtone.
Pour le blogueur ordinaire que je suis, l'expérience concrète et la conscience douloureuse de la puissance d'inertie des lurkers produisent en moi un décentrement du "soi présent au monde", soi n'est plus le centre du monde, n'est plus autosuffisant, le meilleur de soi (ou le pire) n'est qu'à la marge du monde, soi n'est qu'un maillon dans un réseau mouvant qui tourne et tend à m'éjecter au dehors si mes liens ne sont pas assez solides. L'absence de liens plonge le blogueur ordinaire dans le désespoir du constat des basses-eaux de son lectorat et du désert des commentaires.
Est-ce une épreuve initiatique ?
Faut-il que je change mon fusil d'épaule ?
Etant de nature biologiquement et cérébralement lente, j'ai mis longtemps à m'apercevoir de ce phénomène d'inertie dans la participation du plus grand nombre, un peu comme le cerveau humain qui ne fonctionne, en temps ordinaire à un moment donné, qu'avec 10% de ses neurones à la fois (et durant le moment suivant ce sont 10 autres % qui fonctionneront et ainsi de suite, tous les neurones du cerveau travaillent mais pas en même temps).
Cette découverte m'expose à la peur du vide !!
Photographie extraite d'un blogue en errance dans la montagne "La Margelle du Puits"
De toute évidence un col de haute montagne m'attend, arriverais-je à le franchir dans la solitude annoncée au bout d'un combat millimétrique et malgré mon souffle court ? Cependant j'ai quelques atouts : la persévérance du lent, un solide "sac en dos", une bonne adhérence au sol et des antennes télescopiques pour sentir les temps à venir.
Dr Edlydol'