Le choc et la sidération puis la conscience et la "réflaction"

Le choc sidérant de la totale incompréhension interculturelle

                              Philosophiquement sidéré depuis une quinzaine de jours par les informations qui montent en puissance traduisant l'incompréhension culturelle, du choc subit par les français, de la part de nombreuses personnes de culture musulmane, même modérées, à travers le monde et jusqu'au cœur de nos écoles républicaines françaises.

                         Comment se comprendre, se tolérer, s'apprivoiser, s'aimer et vivre ensemble ? 

À l'instar du dialogue inter-religieux institué depuis longtemps entre les représentants des diverses religions (dialogue ravivé depuis les Rencontres d'Assise à partir d'octobre 1986) n'y a-t-il jamais eu de vrai et profond dialogue inter-culturel ?

Eh bien oui, cela existe mais de façon complètement éparpillée : il y a de multiples cercles de réflexion interculturelle à divers niveaux ministériels, universitaires, intellectuels, artistiques........à l'UNESCO, au Conseil et au Parlement de l'Europe.....dans la Presse écrite, à France-Culture et France-Musique et dans de trop rares émissions télévisuelles.......il y a le programme Erasmus pour les étudiants et les enseignants depuis 1987, il y a les voyages d'immersion linguistique à l'étranger......il y a une fondation animée par des prix Nobel ( http://fipinterculturel.com ).....au niveau local il y a les jumelages de villes étrangères avec les échanges qui s'ensuivent, le travail de nombreuses associations à visée interculturelle, la présence de festivals de toutes sortes où de multiples pays interviennent.....il y a quelques officines de tourisme curieux des autres cultures avec des échanges directs de paroles humaines souvent traduites par des intermédiaires........

                             Mais tout cela est très ponctuel dans le temps et l'espace de chacun et souvent sans lien entre les diverses expériences. Il semble n'exister aucun suivi personnel aucune coordination collective, rien de vraiment populaire et de largement médiatisé.

À quand la mondialisation interculturelle raisonnée et largement diffusée ?

À quand la culture de l'interculturel ?

Au pire pourrait-on nous concocter une téléréalité interculturelle bien sentie qui tenterait d'apaiser les inévitables conflits et de promouvoir au minimum la tolérance interpersonnelle, de permettre le respect des diverses cultures et enfin de chercher en chœur les limites réciproques à ne pas dépasser pour pouvoir vivre ensemble en paix ?

La prise de conscience

             Derrière l'action barbare et odieuse des terroristes islamistes pseudo-musulmans qui veulent implanter une atmosphère de guerre sur la planète entière, prenons conscience d'un cri étouffé : le cri du monde musulman authentique, jadis grande civilisation remarquable, qui nous envoie un message, une supplique : STOP !!!

               Prenons conscience de l'effet papillon d'un simple dessin sur une feuille de papier en Occident, provoquant un tsunami des mentalités en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient avec là aussi des morts, des blessés, des traumatisés, des Humains vraiment pas d'accord et furieux contre nous. Prenons conscience des limites, tolérables pour autrui, de notre liberté d'expression (qui ne peut être un absolu) avant de rendre public son contenu et veiller à ne pas contredire le contenu par sa forme ou sa présentation.

              Prenons conscience comme nous le suggère l'éditorialiste Jean-Pierre Denis que "Ce n'est pas le choc des civilisations. C'est le choc des cynismes et des simplismes". Le fait que nous soyons en France à la fine pointe de l'évolution de la Démocratie avec quelques autres pays, bénéficiant ainsi de la jouissance des libertés et de la liberté d'expression en particulier, ne doit pas nous fermer à la responsabilité du respect des autres, moins avancés en ce domaine où nous avons historiquement de l'avance ( mais en d'autres domaines, spirituels notamment ce peut être l'inverse ). Un confrère musulman d'origine mauricienne me faisait jadis remarquer qu'il y avait 190 ans d'écart entre la Révolution française de 1789 et la Révolution iranienne de 1979.

                Prenons conscience que là se situe le cynisme de certains de nos compatriotes : " Nous sommes les plus forts et les plus avancés, vous là-bas, les analphabètes de l'image, de l'humour et des libertés, regardez bien tout ce que nous pouvons faire ici, librement et en toute impunité ".

Qu'est-ce que cela va bien pouvoir entrainer : leur admiration ou leur rage ? Dans la meilleure des hypothèses cela ne ressemble-t-il pas à une réaction de Grand Duduche dans la cour de récréation mondiale ?

Et là aussi se situe le cynisme voire le nihilisme des terroristes : " Nous les martyrs on vous efface, froidement et en toute impunité, de la surface de la terre pour que les nôtres redeviennent les maîtres du monde ".

Sortira-t-on un jour de l'omniprésence de l'idée de guerre dans les rapports internationaux ?

La débilité et la stérilité de cette loi des rapports de force dans les rapports humains (où la raison du plus fort serait toujours la meilleure), finiront bien un jour par imposer leur évidence à nos faibles neurones d'humains ordinaires !

                  Prenons conscience que les simplismes réducteurs sont les certitudes les mieux partagées et les plus faciles d'une culture sur l'autre et réciproquement.

                    Prenons conscience que le choc des simplismes, comme ceux des silex, ne peut produire que des étincelles : c'est ainsi que les hommes préhistoriques ont appris à mettre le feu et c'est ainsi qu'aujourd'hui certains jouent avec le feu, quitte à embraser notre unique planète !

Et maintenant la " réflaction "

                  Quelles seraient (de mon point de vue) les actions antérieurement réfléchies, les réflexions/actions que chacun à son niveau pourrait mettre en œuvre, pour qu'à partir du fait des évènements de janvier 2015 il se produise une avancée des mentalités humaines mondiales vers le "vivre ensemble" ?

                        Puisque le ciment des concepts historiques de drapeau  et d'hymne national, de sol et de sang, de nation et de patrie, d'état et de loi, de droits et de devoirs se lézarde de toutes parts, puisque la concorde sociale autour de notre magnifique langue française ne suffit plus, puisque la richesse et la diversité de notre culture ne convient plus pour rassembler nos individualités démultipliées, puisque tout gouvernement de type démocratique est jugé de moins en moins représentatif et court après les sondages d'opinion en vue des prochaines élections, puisque les idéologies et les croyances (religieuses ou non, scientistes ou autres) nous différencient à l'extrême ...............

                          QUE PENSER ET QUE FAIRE ?

Si, dans cet ancien ciment sociologique, tout n'est pas à jeter aux orties, certaines valeurs sont sans doute à remiser dans les archives historiques, par contre d'autres valeurs sont à réinventer, à recréer avec les matériaux d'aujourd'hui pour en conserver toute l'ampleur pacifiante.

Et pourtant "l'esprit français", avec son génie et ses travers, est très bien identifié à travers le monde entier : comment et pourquoi ?

Sans doute faut-il chercher, au niveau de l'esprit, les particularismes français...qui d'autres que ces "étranges étrangers", "ces gens si différents" jusque dans nos rangs (y compris les personnes handicapées), qui d'autres pourront nous le dire ? Nous avons besoin des autres pour nous connaître vraiment, nous les français à l'esprit sans frontière !

                        Devant cette tâche immense je n'ai que de petites propositions qui font ma part du débat, ma petite pierre à l'édifice de la maison du vivre ensemble.

                           1°/ Je constate que tout ce qui vient de l'extérieur de notre petite personne, a de moins en moins d'emprise sur nous, ce qui nous laisse la liberté d'un travail de l'intérieur pour trouver des solutions. Mais trop peu s'en estime capable ou trop sont anesthésiés, alors que c'est de l'ordre de notre possible de se questionner, de philosopher c'est-à-dire de penser par soi-même et de le partager et peut-être s'engager.

                          2°/  Je propose d'accoupler les valeurs républicaines abstraites à des valeurs plus concrètes qui en marquent les limites :

Liberté avec Paix : j'exerce toute ma liberté dans la mesure où elle me maintient en paix avec mon voisin (mon prochain disent les chrétiens).

Egalité avec Laïcité : nous sommes tous égaux en principe mais en pratique il nous faut le cadre de la laïcité afin de réaliser l'égalité pour de vrai.

Fraternité avec Solidarité : l'amour de la fraternité ne sera réel que s'il se concrétise dans la solidarité du partage matériel.

Liberté + Egalité + Fraternité = l'Esprit de la République

Paix + Laïcité + Solidarité = l'Action de la République

                           3°/ J'invite à repenser la laïcité sans aucun ostracisme comme à travers les yeux et le cœur d'un enfant qui a tout à apprendre : 

                     La laïcité ressemble à une rassurante et accueillante maison commune où chacun, quelque soit sa croyance ou sa culture, doit se sentir à l'aise et en sécurité, comme un chez-soi religieusement neutre et ouvert à l'athéisme, ne négligeant aucune civilisation.

            La laïcité est la cité de tous les peuples, une agora ouverte à tous et à toutes sans discrimination et sans préférence. C'est un "être-là bio-psycho-social", collectif vigilant paisible et tolérant, faisant la connaissance réciproque et approfondie des Cultures et des Croyances de tous ses voisins.

             La laïcité met activement en relation de paix tous azimuts tous les humains sans qu'aucun ne puisse se penser le centre de tout. Elle nous met à l'abri des prosélytismes de tout acabit.

          La laïcité n'est la propriété de personne, elle nous permet d'échapper au sentiment de toute puissance qui parfois ravage nos têtes car ce sentiment est secrété inconsciemment par la société de concurrence et de consommation ou par l'hypnose des sectes. Elle nous épargne la violence des relations de force et le spectre de la guerre.