Nos chers rituels du quotidien

Publié le 4 Juillet 2014

 

                  Tous les jours en défiant la pesanteur, je me lève (pas très clair !), j'enfile (au radar) ma tenue matutinale et mes prothèses : visuelles (mes binocles), auditives (mes audiophones), temporelle (ma montre), communicante (mon téléphone portable), domestiques (mes clefs de la maison), masticatrice (mon dentier : pas encore, mais ça viendra !), déambulatrice (mon chauson à talonnette), ensuite je descends les escaliers précautionneusement et  je "petit-déjeune" en émergeant lentement sous le halo de ma luminette, puis aux commodités j'exonère avec gravitessence, enfin je m'adonne à mes ablutions.................
Quoi de plus ordinaire ? (même la reine d'Angleterre en passe par là !).................. eh bien sans mes "rituels" j'y engloutirais toute la matinée, et encore !!..........

 

 

                     Tous, nous avons des rituels de vie quotidienne qui correspondent à ces séries enchaînées de gestes, réalisés inconsciemment, toujours dans le même ordre (ou presque) pour accomplir, au mieux, d'humbles  et répétitives tâches de la vie courante (en médecine on appelle cela des praxies).
                Ce déroulement rituel de gestes fonctionnels, coordonnés, intentionnels, rapides mais quasi automatiques et subliminaux, nous facilitent la vie ordinaire sur des activités bien connues que ce soit pour faire la vaisselle ou sa toilette, pour aller à la cave ou aux wc, pour mettre la table ou son chapeau, pour manger ou s'habiller, pour aller au lit et se coucher ...etc... parfois même pour des tâches plus complexes en milieu professionnel ou même pour... (cela nous est, à tous, arrivé par relachement de l'attention/concentration, hélas) la conduite automobile où nous étions en "pilotage automatique" si l'on peut dire ! 
                         Ainsi nos conduites habituelles domestiques et journalières sont gouvernées dans leur réalisation de base par nos rituels qui souvent nous sont propres (mon rituel pour telle action simple ne sera pas exactement identique au votre) et nous fonctionnons très  souvent  à travers ces  maillages psycho-comportementaux  que nous nous sommes fabriqués inconsciemment et par répétition tout au long de notre vie : ce sont nos autoroutes mentales de fonctionnement ordinaire, nos protocoles intérieurs d'activités familières : ils sont profondément inscrits et enfouis dans nos cerveaux et ne pas trop les contrarier nous rassure. 
                    Maintenant je vous propose deux petits exercices "philhumoristiques" pour rire tout seul de soi-même quand la routine menace.

 

                  1°/ repérer un petit rituel bien sympathique et caché depuis longtemps (par exemple : comment je fais et bois mon café ou mon thé du matin).
                  2°/ choisir un endroit calme et se donner en solitude plus de temps que d'habitude. 
                  3°/ choisir volontairement de brouiller l'ordre de réalisation des ces gestes " habituellement enchaînés pour le mieux" ou décider de les accomplir en changeant de main (ne serait-ce que pour "touiller" le sucre dans son bol dans un sens et dans l'autre).
                  4°/ observer le résultat avec détachement humour et empathie vis à vis de soi-même, se laisser étonner pour se sentir vivre et dès que possible se laisser rire de bon coeur en solitaire (personne d'autre n'est là pour juger).
                   5°/ répéter l'opération, aujourd'hui ou demain, car le rire franc de soi-même n'est pas toujours au rendez-vous alors qu'il est nécessaire à la dilatation de notre être, ici et maintenant. 

 

Alors la vie réglée ainsi déréglée change de couleur, de saveur et d'odeur, la petite musique dix mille fois répétée n'est soudainement plus la même et la chaleur de la minute ainsi démasquée prend une toute autre ampleur, le goût du moment présent teinté de bonne humeur en arrive à changer le goût du café ou du thé, et malgré quelques taches nous nous surprenons curieusement dans des attitudes comiques et des maladresses...oh combien joyeuses !!!........ Et subitement le champ de la pensée s'évase et son chant s'évade, le jour s'intensifie ou la nuit s'approfondit, le bizarre nous devient compréhensible et l'éternité sensible, l'espace d'un instant.
Notre conscience de ce moment s'est immobilisée et nous a projeté vertigineusement dans une dimension inconnue. En bousculant nos psychorigidités le "rire franchement de soi-même", même en solitaire, dévoile magiquement des aspects inconnus de nous-même, nous assouplit l'esprit, nous redonne du tonus et du recul pour affronter les combats de la journée qui vient.

 

 

 

               Le second exercice consiste à débusquer l'enfant qui reste caché en nous quel que soit notre âge ou notre situation et dans n'importe quelle condition sociale ou professionnelle.
              Il ne s'agit sans doute pas là, d'une recherche de l'enfant bléssé ou traumatisé sous la carapace de l'adulte, comme l'a décrypté le psychanalyste hongrois Sandor Férenczi (surnommé "l'enfant terrible de la psychanalyse") dans son livre "L'enfant dans l'adulte".
              Il ne s'agit pas directement non plus, de l'enfant libre ou spontané, de l'enfant adapté soumis ou rebelle, de l'enfant créateur (petit professeur ou inventeur) des états du moi de l'adulte, décrits par "l'Analyse Transactionnelle" inventée par le psychiatre américain Eric Berne.
              S'agit-il de l'enfant intérieur du maître bouddhique vietnamien Thich Nhat Hanh ? Peut-être mais je n'ai pas lu son livre "Prendre soin de l'enfant intérieur" pour pouvoir en parler honnêtement.
              Non il ne s'agit pas là de théoriser mais d'expérimenter un décalage entre d'une part l'apparence cadrée d'un adulte en situation professionnelle (par exemple) avec l'officialité toute virtuelle du rôle qui lui est attribué et d'autre part la réalité cachée de l'enfant qu'il fut et qu'il est encore.
               Dans une réunion sérieuse mais ennuyeuse, au-delà de la lourdeur des "enjeux" et avec un minimum d'observation d'intuition et d'imagination projective, il est possible "in petto" de se prêter au "jeu" du "je suis jouant-travaillant" : je m'expérimente mentalement et en temps réel dans cette réunion, comme l'enfant que je fus et cela peut se traduire dans ma communication non verbale, mes attitudes, mes gestes, mes intonations, les expressions de surprise ou de lassitude de mon visage, les états de mon regard.... Mentalement je me simplifie et me condense comme dans un jeu d'enfant tout en travaillant dans mon métier d'adulte. Je me reconnais enfant dans les travers et les réussites de mon activité professionnelle, je rétablis en secret la continuité historique de la trajectoire de ma vie depuis la petite enfance........ 
                  Sur ma lancée je regarde mes voisin(e)s de réunion qui deviennent à leur insu mes compagnons de jeu : alors un monde nouveau s'éclaire et c'est délicieux !!!        Imaginer en tout "psycho-respect" son patron(ne) en train d'exposer son plan au "paper-board" comme un petit garçon ou petite fille récitant sa leçon devant le tableau de l'école primaire alors que je suis dans la même classe derrière mon pupitre ainsi que mes collègues de réunion.......... c'est un motif d'ensoleillement du reste de ma journée. 

 

 

                     Chaque jour s'accorder l'autorisation de lâcher ponctuellement ses rituels et de se projeter temporairement en pays d'enfance me paraît une saine philosophie appliquée, tout en sachant
1°/ que les rituels sont indispensables à l'ossature de nos jours et de nos nuits, à la charpente de nos actions concrètes et efficaces et
2°/ que faire revivre son enfant intérieur caché est un moyen comme un autre, à tout âge, de rester jeune !!!

 

                               Dr Edlydol'

 

Se lever chaque matin est un défi à la pesanteur !

Se lever chaque matin est un défi à la pesanteur !

Rédigé par Edwin Lyoquaim alias Dominique Lamy

Publié dans #Humain_Humour

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